REVUE DE PRESSE GENERALE

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I- ETUDES CRITIQUES
REVUE DE PRESSE GENERALE
ETUDES CRITIQUES

Revue AUTRE SUD n° 42 fev 2009 contributions de Marie Claire Bancquart, Pierre Dubrunquez, Alain Freixe, Joëlle Gardes, Jacques Lovichi, Gérard Noiret, André Ughetto.

Revue NU(E) octobre 2012 sous la direction de Joëlle Gardes, professeur à la Sorbonne, contributions de Michel Azama, Marie-Claire Bancquart, Béatrice Bonhomme, Mounira Chatti, Benoît Conort, Jean-Luc Despax, Giovanni Dotoli, Alexandre Eyriès, Jacques Fournier, Alain Freixe, Joëlle Gardes, Karine Lambert, Kim Ong Van Cung Sang, Angèle Paoli, Alexis Pelletier, Patrick Quillier, photographie Adrienne Arth.

Claude Ber, le civisme de l’inquiétude Jean-Luc Despax Université de Haïfa : 11-12-13 janvier 2010

Claude Ber, poète de Théâtre, Faïza TABTI, MASTER 1 de littérature française sous la direction de M. Sylvain Ledda, maître de conférences en littérature et arts à l' Université de Rouen. (2008-2009)




II-EXTRAITS D'ARTICLES SUR L'ÉCRITURE DANS SON ENSEMBLE
Souvent la balance penche du côté d’une inquiétude d’une inquiétude récurrente car la mort et le mal n’ont pas de pourquoi (…). Mais, d’un autre côté, c’est le bonheur de la description, la réflexion joyeuse et inattendue à partir d’un mot dans une langue inventive, qui présente au plus que présent l’homme comme l’animal. De toute façon une énergie venue des entrailles : les siennes, les nôtres. Marie-Claire Bancquart, Revue Nu(e) N° 51, 2012.

Chez Claude Ber, écrire n’est pas un vain mot, une posture, un pis-aller. C’est une nécessité, une nécessité vitale, une vitalité. Il ne s’agit pas de jouer à être poète, mais de vivre en poète sa vie d’être humain. Jacques Fournier, Revue Nu(e) N° 51, 2012.

Claude Ber donne l’infinité des mots dans leur découpe. L’infinité des mots elle donne. L’infinité – oui parlons de l’infinité dans la raréfaction soudaine, dans cette raréfaction qui nous est certaine (…) Oui, sur « le décisif de vivre », dans ce désir de vivre qui est vulnérable, « le vent peut être une lumière. Et par instants nous aussi éclairer ». King Sang Ong-Van-Cung, Revue Nu(e) N° 51, 2012.

L’attention auditive du poète est toute entière dirigée vers l’imminence d’une singularité valide qui pourrait se donner à entendre en s’enlevant du fond continu, tourbillonnant et indifférencié du bruit et de la fureur. Dans la cacophonie réitérée des humains, la gaya scienza de Claude Ber, prend le pari qu’une voix juste est possible … Patrick Quillier, Revue Nu(e) N° 51, 2012.

Claude Ber, la parole en résistance. Les textes de Claude Ber entretiennent une relation à la fois fusionnelle et distancée à leur temps, en ce qu’ils luttent contre les tyrannies de l’idéologie et du fanatisme sans vouloir occuper la moindre position dominante. La parole est incitation au dialogue (…) Faire pièce, à tous les sens de l’expression, au délitement, à l’éparpillement frivole, faire face à l’écrasement de la bêtise et de la haine par le pouvoir ténu de la langue. Jean-Luc Despax, Revue Nu(e) N° 51, 2012

Que cherche à nous dire ce théâtre désorienté dans sa langue non pareille qui glose et délire sur notre incapacité à écouter cette parole qui s’allume de fureurs subites comme un fagot de sarments de vigne ? Et qui donne à sentir, à deviner, comme on devine la venue d’un orage une violence tragique où se détruit ce qui s’énonce (…). Quelque chose de ce que l’auteur appelle « le déchiré de la parole », une sorte d’écriture de la folie à la Virginia Woolf, à la Beckett. (…) Puzzle de la pluralité des voix, pas de narration, de situation, de personnages, (plutôt des figures), de fable, juste le scandale de la parole, la polyphonie du visible et de l’invisible, le feuilleté de la langue comme autant de nouveaux territoires de la fiction, une langue contre laquelle on ricoche, un écrit-oral qui remplit l’espace, on perd le fil, mais on y gagne l’imaginaire, l’inattendu, l’incarnation par le mystère de la voix, la présence, oui, le théâtre (…). Michel Azama, Revue Nu(e) N° 51, 2012

Ainsi, l'ensemble de l' oeuvre de Claude Ber est considérable par son unité d'inspiration comme par la richesse lucide de ses moyens. Son usage souvent audacieux de l'écriture est toujours lié à une interrogation sur le sens de la vie. Marie-Claire Bancquart, Autre Sud 2009 n°42.

La poésie de Claude Ber vous embarque de force. « Vous êtes embarqués » avait dit Pascal. C’est pareil avec elle, plus près du penseur des Pensées, croyons-nous à cause de certaines inquiétudes métaphysiques, que de Kérouac (…) tellement ce poète nous parle de nous et de tout, de soi parlant et du monde, dont elle fait son miel avec la liberté d’un Montaigne (…). Elle développe ainsi (…) une faculté d’invention verbale et d’inventaire des choses qui n’est pas sans me faire penser aussi à un Rabelais (…)Claude Ber est travaillée par les mots, par les formes, tout autant qu’elle les met au travail, les observe dans leur « progrès » (…). Spirale tumultueuse, si l’on peut ainsi qualifier un brassage qui mêle l’insecte à l’étoile, le ténu à l’immense, l’intime à l’extériorité, et les grossièretés comme les altitudes du langage, elle fait ressentir comme un vent implacable, vrai « mistral » fréquemment déchaîné, le tourment et l’appétit de vivre, le « jouir » toujours nouveau adossé au mur de ma mort » André Ughetto, Autre Sud 2009 n°42.

Ses poèmes s’adressent moins à un lecteur imaginaire (souvent l’écrivain rapidement reconverti) qu’à un auditeur réel, ce qui l’oblige à avoir une écoute véritable des énergies de la phrase, des suspends nécessaires à la suggestion, des références qui doivent être explicites sans être soulignées. Elle ne se contente jamais d’une expression heureuse en surface mais creuse et au cas élimine avec la cruauté de ce théâtre qui, ne pouvant tourner la page pour revenir en arrière, sait et avancer avec évidence, et se méfier des effets. Gérard Noiret, Autre Sud 2009 n°42.

Claude Ber dit juste. Et dans ce suspens du sens, c’est la vie qui se rue. Alain Freixe Autre Sud 2009 n°42.

Une nécessité viscérale, quasi ontologique. Et une inquiétude récurrente (propre à notre condition de modernes ? Relire Qu’est-ce que les lumières ?), celle de ne pouvoir s’assurer de soi-même et du sens de ses pensées qu’à les exposer en public. Et tel est bien l’enjeu de cet «effort de clarté » (…) moins pour dissiper une énigme que pour lui donner forme dans le lieu commun du poème ». Pierre Dubrunquez, Autre Sud 2009 n°42.


III- EXTRAITS D'ARTICLES SUR LES OUVRAGES PUBLIÉS
2-Sur ses ouvrages


LA MORT N’EST JAMAIS COMME
Editions de Via Valariano Léo Scheer 2006 (4me édition Editions de l’Amandier 2011).

Un texte dense et dur, qui est aussi une incroyable recherche formelle, avec des ébauches purement abstraites, des bribes de pur poème, des empreintes de prose narrative et ses «découpes numérotées… un parfait manifeste de ce que nous avons à chercher, si l’écriture d’aujourd’hui, lorsqu’elle se confronte comme ici à une charge aussi vitale, le deuil impossible d’un proche, devient rétive à toute appartenance de genre. François Bon, Remue.net 2004

(...) Il y a chez Claude Ber une conscience si aigue de la transcendance de son objet qu’elle lui inspire une singulière poétique négative au sens où l’on parle de théologie négative, une conception de la figure comme figuration du dissemblable telle qu‚on la trouve énoncée chez un Denys l’Aéropagite (...) On soulignera (...) le tropisme mystique de ce livre et son auteur ne le nierait pas, pour peu qu’on ne le dissocie pas d‚une méditation sur les limites mêmes du langage et qu’on ait à l’esprit le spectacle de la folie dont il est né comme un chant d’amour à celle qui y succomba. Trouver face au mutisme de la folie une juste mesure de silence, rendre vie au « mot mort » dans le « momort » telle est en effet la mission cathartique du poète, et la vocation lazaréenne de son poème. Pierre Dubrunquez Europe, avril 2004

Dans ces « bribes », dans ces fragments qui tissent l’histoire d’une existence la mort se décline sur divers modes. Des poème en pros qui sont autant de blocs compacts comme des pierres tombales alternent avec des séquences de vers libres, trouées de blanc (…) A la fin une prose poétique va de l’avant (prorsus) tel un manifeste qui affirme en différentes langues que la vie, elle aussi, avance, et que « l’imperfection de la vie vaudra félicité ». Cette félicité est arrachée à l’impossibilité que nous avons d’accepter la mort, à l’impossibilité de la dire car « la mort fait de la langue entière un charabia ». (…) A la mort et à la défaite d’une langue
sans ponctuation, sans syntaxe reconnaissable, d’une langue affolée par le travail de la mort (…), s’oppose, dans des paragraphes régulièrement ponctués, à syntaxe claire et dense, la célébration de la vie (…). Dans tous les cas, et c’est ce que dit le rythme à travers les répétitions et les variations continues, la mort impose que (…) la parole ordinaire, « l’universel reportage » selon l’ expression de Mallarmé, fasse silence afin qu’un chant puisse s’élever. (…) Cette parole tragique ne cède pourtant jamais à la tentation d’une lamentation complaisante (…) La mort n’est jamais comme n’est pas une parole de deuil, n’est pas un thrène, mais un hommage aux « choses dans leur assise, la roche dans la roche, le ciel dans le ciel et nous tous à notre place ». Joelle Gardes, Le Nouveau Recueil juin-août 2004.

Voici un livre d’amour et de mort qui, transcendé par la splendeur de l’écriture, passe tôt de l’anecdotique – aussi tragique soit (…) la disparition d’un être tendrement aimé- à l’universalité de la douleur. Depuis la publication de Lieu des Epars (gall 1979) nous sommes quelques uns à suivre le travail spécifique de Claude Ber qui éclaire très positivement ( une fois n’étant pas coutume) le sens de l’indigeste et vague notion de modernité. (…) Il y a dans cette trituration de la langue qu’elle pratique avec le plus grand naturel ( ce qui ne signifie nullement sans l’art le plus élaboré), dans cet usage de la litanie quasi liturgique et du délire froid parfaitement contrôlé, une puissance déchirante et charnelle que guette en permanence la folie lucide de ceux pour qui la déconstruction est une des conditions préalables essentielles
de la vie comme de l’écriture. Jacques Lovichi Autre Sud mars 2004

La vie. La mort. Le vivre. La durée. La folie. L’orgasme. J’y étais. Elle y fut. (…) Ne pas plier (les genoux), accompagner ce flux de paroles et d’audace, ce cri qui se « découpe » en fragments, tranche autant de fois que le poème monte. Délire qui brode le dire, s’y tient au plus près, noue le quotidien, la ville : Paris, Nice aux entre ciels, aux antres noirs et « translucide(s) » et « outrancier(s) » de la joie comme du scalpel. L’écrit placé haut. » Jeanine Baude, Journal des Poètes, Bruxelles 2004

Poète confirmée et auteure dramatique chevronnée, Claude Ber nous offre à lire un livre plein ( « trésor de mots » dont elle se dit débitrice…) mais pas confus, un parcours balisé en quelque sorte…découpant le thème en motifs qui intensivement évoquent, décrivent, décryptent. Un livre curieux (qui ne dévoile pas tout, qui garde du mystère) dont la lecture ne laisse pas indemne, et c’est tant mieux. Zoé Philippe Cahiers Critiques de Poésie – Centre International de Poésie de Marseille 2004

Mise en scène et mise en page des mots du deuil et de la perte, fruit d’une conquête sur l’inerte et le tacite, dont le livre porte la marque jusqu’à cet « effort de clarté » qui met le lecteur à distance, en aplmob, comme penché au dessus du vide et de la tragédie, retenu, maintenu au bord, tout au bord du vide et de la folie par l’affirmation initiale, omniprésente et omnivore « La Mort n’est jamais comme ». La poésie est vivante qui touche à l’essentiel. Ainsi l’oeuvre de Claude Ber, alternance de vers libres et de proses qui s’attachent à forer l’indicible, l’extrême, pour nous faire entendre l’insoutenable condition du vivant par le biais d’une parole arrachée à la tyrannie de la communication (…) Aucun sentimentalisme ne réduit l’approche de l’extrême à la consolation classique ou à l’épanchement romantique (…) Le petit, le minuscule indécis d’exister fait son chemin, taraude le visible, et s’attache à nous faire voir ce qui se dérobe. (…) Mais le deuil et la perte ne sont pas les seuls motifs du livre. La langue chevillée au corps hésite entre le trop et le pas assez pour nous parler de la folie, expérience limite là encore d’où on ne revient pas indemne (…). La troisième partie s’attache s’attache à dépeindre par touches successives un voyage en prose madrilène qui fait figure de voyage de noces associant le monde réel à ses représentations, vélazquez à internet (…) folies et violences quotidiennes véhiculées par les images du monde rejoignent les oeuvres peintes du Prado, les bijoux de pacotille vendus au marché pour donner lieu à de rapides dévoilements qui confèrent à la narratrice son statut dans l’ordre du langage : « tant de mots parlent à notre place qu’il ne nous reste que la salive au bord des lèvres comme une sorte de pleurs d’une parole épuisée » (…)Poète engagée dans le développement de nouvelles formes d’écriture et de transmission du poétique, notamment de l’oralité, Claude Ber nous livre une oeuvre dense, d’une générosité et d’une sincérité rares, susceptible de réconcilier ceux qui ne voient dans la poésie contemporaine que vaines complexités. Patrick Souchon Ici é Là, revue
de la Maison de la Poésie de ST Quentin en Yvelines N° 3 09/05

Entre les deux pierres levées qui ouvrent et ferment le livre, ce sont 22 « bribes », chacune engageant plusieurs découpes, soit 50 au total, comme autant de poèmes, de restes, de vestiges voisins du fantôme, ce vêtement d’absence, garant d’une présence encore et toujours de la vie dans ses aspects les plus kaléidoscopiques. Ainsi, c’est moins d’émotion (…) que d’émoi dont il s’agit ici, soit « cette émotion dépourvue de sentiments » dont parle Bernard Noël. Emoi qui est le coeur de feu du poème. Cela que la forme en quelque sorte redresse. Et tient. » Alain Freixe, L’Humanité, 21/02/08.

Soumise à « l’observation minutieuse des glissements », l’écriture de Claude Ber est exploration insatiable des limites. Celles du moi divisé, pris en étau entre désir de dire/désir de taire. Celles du langage et de ses leurres – « Je me tais pour échapper aux icônes ». « Une façon de dire au bout des lettres » qui n’exclut ni les courts-circuits des contradictions ni le rapport glacé à la réalité : « Au bord de la soucoupe le sucre a fondu. Et le café est froid. » Dans une incessante articulation des contraires – « dans le grog chaud, un glaçon d’éternité » –, concret et abstrait pactisent pour faire surgir, derrière l’illusoire pouvoir des mots, ne serait-ce qu’un balbutiement. « Des graffitis sur le plâtre d'un poignet cassé. » Derrière la miniaturisation des scènes – sensations et objets – surgit soudain, inattendue, volcanique, tempétueuse, pareille à une vague indomptable, une poésie organique, cosmique, détonante-explosive. Belle de toute la force de l’éros qu’elle recèle et diffuse. En prise fusionnelle avec la « houle originelle » qui sommeille sous la cendre. La mort n’est jamais comme : un hymne puissant à la vie. Célébration. Angèle Paoli Site Terres de Femmes, septembre 2008 http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2008/09/claude-berfa-ch.html.

Dans le calleux des choses, dans le fluide et dans le rugueux, Claude Ber parle l’imprononçable de la disparition, et découpe sa langue. Et ce qu’il reste parfois, elle l’appelle poème, et prête ainsi langage à la forme de l’existence. Une poésie de l’immanence, de la verticalité. S’il y a derrière cette oeuvre une philosophie, une poétique, c’est dans la noblesse de l’humilité. Un accès de velours à la langue du poème, la finesse de la simplicité. Comme elle l’écrit, le poème est « un essai très difficile très prudent de réconciliation ». Entre soi et la langue, entre le mot et l’idée. Le palpable, et l’indicible. Laurence Barrère Collectif Dixit septembre 09

Claude Ber, belle plume et lucidité au delà du commun s’inscrit dans une démarche paradoxale entre apologie du poétique et négation de la poésie.(…) Elle est un des rares Poètes (…) à s’émanciper avec enthousiasme et courage des poncifs et des chapelles. Distinguée par l’envié prix Ivan Goll 2004, La mort n’est jamais comme synthétise les thèses avant-gardistes d’un écrivain désireux d’écrire pour dire. (…). La poésie peut revenir, doit revenir. Claude Ber y contribuera certainement. » T. de B. Art Sud sept-oct 04.

Un livre de poèmes bouleversants comme peuvent l’être l’amour et la vie (…) Les mots sont là pour dire l’indicible. Pour ouvrir sur l’impossible conjuration de la folie. Pour exorciser ce qui peut encore l’être. On les découvre comme on se souvient de ce que l’on croyait avoir oublié » Hélène Bresciani, Nouvelles Publications nov. 2003

Livre « du debout », de révolte, de résistance, d’amour (…) Il s’agit bien là d’un livre qui parle d’exil, exil des exclus, exil des reclus, exil des bannis. Entre la folie et la mort nous sommes bercés, charriés, bousculés, hissés, portés à bout de mots par une langue forte et chaleureuse, sans complaisance, sans tricherie. Langue de ceux qui ont pesé au plus juste la douleur d’exister et celle, plus grande encore peut-être, d’accompagner dans la souffrance avant que de ne plus pouvoir parler. Langue de ceux qui ont estimé l’essentiel: l’homme et sa fragilité, mais aussi le lien visible ou invisible qui le relie à l’autre. (…) La poésie, force vive met les hommes debout, met les hommes en marche et les aide à mourir. Puisez donc courage, force, partage, respect, humilité, sérénité dans La mort n’est jamais comme. Ce livre vous portera sur la crête des vagues en un roboratif, généreux, parfois truculent, jamais monotone, et infini voyage. En pionnière, Claude Ber ouvre le chemin, le grand chemin. » Martine Roche, revue Etoiles d’Encre 05.

Le jury du prix international de poésie francophone, décerné par l'Alliance francophone et la Fondation Yvan-et-Claire-Goll, a décerné le prix 2004 à Claude Ber, pour La mort n'est jamais comme (Ed. Via Valeriano-Léo Scheer, Paris). Ce prix, selon le voeu exprimé par Yvan Goll dans son testament, a pour but de récompenser « un poète particulièrement doué ». (…) Il sera remis à la lauréate le 25 juin, à 17 heures, sur le podium du Marché de la poésie, place Saint-Sulpice, à Paris. Le jury est composé d'Arlette Albert-Birot, de Marie-Claire Bancquart, Noëlle Chatelet, Vénus Khoury-Ghata, Anyse Koltz, Werner Lambersy, Jean- Baptiste Para, Jean-Michel Place, Albert Ronsin et Anne-Marie Vidal. Le Figaro, mardi 15
juin 2004, p. 24.

L’INACHEVÉ DE SOI
Editions de l’Amandier 2010

L'inachevé de soi: un beau texte très dense, très dur, parsemé de sentences fortes et désespérées, et à la fois un texte ensoleillé, plein de la saveur des choses. On souhaite l'entendre, appuyé de la voix et du geste, mais on le découvre autrement et plus posément à la lecture, rythmé par les toiles fortes et éclatées de Pierre Dubrunquez. » Marie-Claire Bancquart- Revue Europe avril 2010

L’écriture de Claude Ber, toute de mouvement et de tourbillons, est une écriture magicienne. Exploratrice des hauts-fonds, la langue du poète est comme la vague qui déferle, violente, imprévisible, et ramène sous elle, entre flux et reflux, mille trésors. Qu’elle dépose en offrande sur la page. Ou pique en « talisman ». Tout un théâtre de l’intime, mélange de tendresse et de subtile cruauté, est ramené ainsi, dans « l’herbu » de la langue. Images de l’enfance, lovées dans « l’intensité du détail ». Menues choses, expériences brèves, dont « la simplicité brûle aussi. » Amour : « Tu es l’aimé ou l’aimée le corps de mes mains». Évocation de ce qui fut, ces « deux pins jumelés de Philémon et Baucis que nous étions ». Et mort. Incompréhension de l’expérience liée à la mort. « Par exemple tu étais là. Et puis tu n’as plus été. J’écris mort la sachant mais ne sachant quelle syllabe de son nom va me couper la mort pour moi plus jamais dite. » Émotion à lire cet aveu. La mort n’est jamais comme n’est jamais loin. » Angèle Paoli Site Terre de Femmes

L’écriture et la peinture créent une oeuvre commune qui passe outre le « miroir sans tain pour en formuler les vertiges ». L’ouvrage hybride ainsi inventé soumet les toiles à l’épreuve du visible et l’écriture au risque de l’indicible. L’écriture poétique de Claude Ber conjure l’inaccompli : « ira ainsi langue tâtonnante et rédimée même s’il reste chaque jour pierre à jeter à l’ombre dans le chantier inachevé de soi ». La création est baignée par une « lumière traversière » qui fond le poème et le tableau en un même Voir Dit. Si « vivre n’est accordé que par intermittence », il reste l’obstination d’écrire et de peindre contre l’inachèvement de soi et du monde. Alexandre Eyriès Février 2011 Cahier Critique de Poésie N°21

À première vue et à première lecture, si je peux dire : non, le poème (de Claude Ber) n’est pas comme la peinture (de Pierre Dubrunquez). Cette dernière crée l’évidence de la rapidité du geste, en désignant une quête de la figuration que certains poètes appelleraient peut-être présence et qui pour le peintre renvoie à l’idée d’une figuration voire d’une oeuvre originelle perdues. Et, de son côté, la poésie de Claude Ber est celle d’une abondance figurative qui, de références en souvenirs fait signe vers ce que j’appellerai la raréfaction d’un verbe, unissant, au-delà de l’expérience terrestre de la mort, l’amour et l’enfance : « Le mot est un lièvre dont on attend le bond ». Pour me faire comprendre, la peinture désigne, sans ambiguïté, une sorte d’ascèse du travail, tandis que la poésie ouvre l’éventail de sensations délibérément liées à la terre. Mais ce constat ne signifie pas que la rencontre n’a pas lieu. Au contraire même, une fois que les différences sont nommées, elle se produit. Et de pouvoir même avoir le sentiment que le poème est comme la peinture et vice-versa. (…) C’est notre époque qui est en jeu, dans la nécessité d’être toujours présents à elle, même à ce qu’elle tient de plus tragique. Peinture et poème « disent » le risque, non pas de l’improvisation dans l’époque, mais de la disponibilité. D’où cette forme du poème qui décline les possibles de la prose. . Parfois celle_ci est très limpide (j’aurais voulu dire « libre » si ce n’était faire signe vers un ensemble trop vaste, le vers libre) : « Une lueur de mer – car la mer a sa lumière propre distincte de celle du ciel et de la terre – une lumière maritime passe à travers la fenêtre. Dans sa déchirure nocturne. Ou son décolleté. Et c’est une visitation. Parfois spirituelle. Par fois érotique. Ou les deux abouchées. » (p.12). Parfois cette prose devient vers, dans un énoncé qui touche à la grande morale : « Ne répète pas. / Ne récite pas. / N’implore pas. // Va droit. » Et le parcours du livre, dans ce dialogue entre peinture et poème a bien lié les deux expressions, les a confondues tout en maintenant les différences. Ainsi L’ inachevé de soi est une chance : « Le meilleur s’arrête en nous et y demeure. » (p.41) » Alexis Pelletier- Poezibao 24 mars 2010

Le texte aussi dit cet inachevé du corps (C’est à peine une loupiote le feu du coeur), du vivre qui n’est accordé que par intermittence et parce qu’on parle de la mort, mais on ne s’y attend
pas. Elle surgit par effacement. Et le poète au verbe fluide tente cette composition, cette recomposition, par l’appel aux vivants épelés par la langue trieuse des registres et des pierres tombales (suit un bestiaire sonore des plus jouissifs à dire), par l’évocation des gestes anciens, rituels des vieux de Toscane qui jetaient une pierre à l’ombre du premier vivant qui s’approchait de leur maison en construction, et des gestes appris (Passe les prunes sous l’eau fraîche et n’oublie pas de mettre la bassine sous le robinet. L’eau est précieuse qui servira à arroser (…)), par l’incantation cyclique à la langue qui, ici court à l’excès, là est une torche qui brûle aussi sous l’eau. Mais au final, il n’y a pas de puits de langue où puiser parole qui désaltère. Alors, le poète, s’adressant tant à elle-même qu’à l’homme en tant qu’espèce (dont
l’angoisse de la mort est pour la première fois plus grande que celle de sa propre mort), tout en sachant qu’à te nommer tu disparais, parce que cela est inéluctable, nourrissant sa réflexion de son quotidien parfois le plus trivial et/ou le plus banal, nous jette en dernier conseil : Applaudissez sans réserve. Cela n’a pas éternellement lieu, parce que le meilleur s’arrête en nous et y demeure. Même inachevé (et parce que l’inabouti est increvable), vivons
puisqu’il nous faut mourir. Jacques Fournier Revue Ici et Là 2010


MÉDITATIONS DE LIEUX
Editions de l’Amandier 2010

« Depuis Lieu des éparts, que de chemin parcouru par Claude Ber – qu’on ne présente plus – jusqu’à Pareil pour tous. Elle y nomme les lieux et prend le paysage à bras le corps : « ... l’eau familière du lavoir, les calades abruptes de l’enfance dans ces villages perchés des vallées alpines... tout épouse la pente du versant : façades en biseau des maisons à flanc de rocher, raidillons plongeant à pic, brusques déboulées de ravines jusqu’en bas dans le coupant en V de la vallée où coule une de ces rivières torrents, Vésubie, Roya ou Verdon, dont les torsades serpentent de lônes en cascades jusqu’à la mer. » Délimitant subtilement les territoires du passé et du révolu qu’elle oppose, Claude Ber se livre à des réminiscences dont la douceur n’implique pas le regret ni un quelconque passéisme. C’est au contraire un salutaire retour sur soi qui règle quelques comptes avec le passé. « Parfois, écrit-elle, j’ai compassion de ce que je suis devenue, parfois je suis simplement agacée d’être encore en ma compagnie. » Prétexte (et post-texte) à l’enfance, le séjour, désormais, déroule ses heurts (violents) et ses fastes (modestes et grandioses). Mais sourd aussi, comme incidemment, la genèse d’une écriture. Jamais peut-être ne s’était-elle livrée aussi totalement. Il existe, et c’en est la preuve, une pudeur de l’impudeur. Celle qui ressuscite les morts par la vertu des mots. « L’heure est venue de s’assoupir dans la lucidité du jour. Éblouissant. » Jacques Lovichi, Revue Phoenix n°1, 2011 ;

(…) D’une tout autre essence est la grande prose poétique de Claude Ber. Pareil pour tous. Illimitée et intarissable. La contemplation du vol de l'épervier lève « la résistance à explorer » les « épreuves » et le filet lancé à la pêche des mots remonte, abondante moisson, poissonneuse moisson. Que faire, pourtant, de toute cette « limaille » qui s'aimante et « houle » aux pentes de Saorge ? Peut-être rien. Tout juste des « fagots de mots ». Mais « les fagots de mots » organisent leur résistance. Dûment classés, répertoriés, numérotés dans un carnet, ils font soudain lever le monde du passé. Et se dire et crier la révolte intacte d'aujourd'hui. « Tout en moi récuse et refuse ». Seul le vol d'un papillon noir vient distraire l'esprit de « son emballement ». Un souffle puissant de poésie et de violence anime Pareil pour tous, vaste fresque personnelle qui livre la part belle à l'enfant et aux figures tutélaires qui ont présidé à son bonheur. Car l'enfance fut heureuse et seulement l'enfance de celle qui tressait déjà entre elles les images de la mer aux images des montagnes : « Les deux lieux fusionnaient dans un paysage mental fait de montagnes moutonnant en vagues, de vagues hérissant leurs falaises, de mer déferlant en houles d'herbe et de crêtes rocheuses surgissant des ressacs. Entre les deux, comme un tissu invisible qui les rassemblait, soufflait ce même vent qui, à l'instant où je le nomme, emporte mon papier et penche les feuilles du figuier en mains ouvertes vers la fenêtre. » L'abondance métaphorique et sensuelle des mots redonne vie, ici, momentanément, à toutes les morts qui peuplent la mémoire du vivant, les recompose dans le damier des jours, les relève dans leur histoire. Le temps d'une écriture qui déferle hors les murs de la claustration monastique. « Il y en a trop de tous ces morts anonymes d'ici, attendant que je déterre leur histoire, poussières qu'ils sont dans les cimetières perchés des villages de l'arrière-pays comme pharaons dans la vallée des rois. Et ils me veulent ce dire tenace. Entêtés à exister avec une obstination, que je tiens d'eux, de tous ces enterrés. » Mais toujours demeure la conscience aigue de l'impuissance à déjouer la cruauté des hommes ; et toujours demeure l'obstination de l'artiste en quête d'éternité à poursuivre en aveugle son chemin têtu de création : « Nous pouvons à peine sur nous-mêmes et si peu pour quiconque que nos savoirs et nos oeuvres semblent parfois une ironie cruelle, une parodie d'éternité inaccessible, une miette d'aumône à des infirmes. Et pourtant vont les doigts aux cordes de l'instrument, s'ouvre la bouche sous la poussée du souffle, court le crayon jusqu'à la crampe sur la feuille. » Et toujours ressurgit la question justement obsédante :« N'y aurait-il d'autres raisons de survivre qu'une aveugle volonté d'exister ? » . Angèle Paoli, Terres de femmes 2010

Ce livre est le résultat d’une résidence de quelques semaines que les 3 auteures ont pu faire au monastère franciscain de Saorge (Alpes maritimes), en août 2006. Chaque texte est séparé du suivant par quatre photographies dues à l’oeil d’Adrienne Arth, qui saisit comme elle aime à le faire reflets et transparences, ici dans l’eau des bassins, fontaines et lavoirs du monastère et du village proche. Quant aux écritures, elles diffèrent les unes des autres comme autant de personnalités, chacune dévoilant ce que le lieu et son atmosphère ont révélé. (…)Pour Claude Ber aussi, l’attrait du lieu, vent et pierres, potager et vol d’épervier, aimante sa limaille de souvenirs. Elle convoque ses tous morts, ceux de son enfance dans un de ces villages perchés à flanc de montagne avec semblablement les rues pavées de pierres asymétriques, (...) les bancs sous les marronniers et les tilleuls : Finette, Touan, Violetta, Paul, etc. Leur vie et leur mort sont évoquées avec verve et affection. Mais il y en a trop de ces tous morts anonymes d’ici, attendant que je déterre leur histoire. (…) Un ouvrage dans lequel, par la multiplicité des écritures (auxquelles il ne faut pas oublier d’adjoindre la qualité des photographies), chacun pourra trouver écho à sa propre réflexion. J.F. Ici et Là

VUES DE VACHES
Editions de l’Amourier, 2009

Ces vues de vaches donnent le regard du photographe et de l’écrivain sur elles, mais aussi et surtout, du moins dans les textes de Claude Ber (trente-trois textes de prose, et trois poèmes) le regard qu’elles ne posent pas sur les trains, mais sur nous, ou plutôt qu’elles nous invitent à poser sur nous-mêmes, comme si nous nous reflétions dans leurs yeux placides comme l’éternité. Ces histoires de vaches, tantôt plaisantes — comme dans «Grammaticalement » ou « Cow-boy » où elles deviennent « vhaches de guerre » —, tantôt graves, sont l’occasion de descriptions précises de leurs différentes races ou de leurs attitudes, qui ressemblent furieusement aux nôtres, mais surtout d’évocations de souvenirs qui disent la naissance et la mort : de l’enfance dans les montagnes alpestres au cimetière près des Morvandelles. Le mystère des vaches est celui « de nos destinées », le savoir troué que l’on acquiert sur elles est à l’image de celui que nous possédons sur nous-mêmes. Les vaches sont « primitives » et nous croyons en être séparés par notre « cervelle de sapiens », et pourtant, la barbarie, « l’universelle boucherie » qu’elles subissent malgré elles est bien de notre fait. Vaches folles, vaches étiques et sacrées, vaches engraissées pour notre consommation démente, elles nous renvoient à notre propre folie, à notre « abomination ». Mammifères les uns et les autres, nous sommes pris dans le même mouvement : « Aux pis giclant de la vache sacrée jaillit la voie lactée de notre histoire ». Les vaches, et pas seulement Isis, la déesse vache, ont donc bien le droit d’être célébrées, dans leur matière, leur odeur, leur couleur, et leur éloge sera toujours trop, ou pas assez. La « non-collection » restera ouverte, sur « le souvenir et la croyance » : « je trairais un pis de voie lactée à la langue pendante / et sa salive / qui goutte dans l’odeur du fumier / je la prie ». » Joëlle Gardes, Revue Autre Sud 2009

Les vaches et la littérature ont toujours fait à peu près bon ménage, et ce livre en est une illustration supplémentaire. Mais celui-ci y rajoute une vue sommative. Non que l’auteur veuille tout dire, ou même qu’elle le puisse, mais il y a dans son projet une telle volonté d’en dire beaucoup qu’on la suit volontiers dans sa course. Parce qu’elle a un style. On l’écouterait
alors longtemps nous parler des vaches autant que de leurs tiques, amatrice comme elle l’est de « collections temporaires. Fugaces. Abracadabrantes» : « vache folle, vach’art, vache qui rit, gardeur de troupeaux, abattage « sans question ni scrupule. Mais sans cruauté. Avec soin ». Bernard Fournier

Blocs denses de prose s’étalant (à quelques rares exceptions près) sur toute la largeur de la page hormis la marge qui les éloigne symboliquement des photos qu’ils ne sont pas là pour illustrer mais compléter, les textes de Claude Ber quant à eux disent, visuellement déjà, toute la verve de l’écrivaine, cette capacité à s’emparer de la langue (de boeuf en l’occurrence) pour la régurgiter, chargée des sucs de la mémoire, des doux acides de l’observation, du sel de l’intelligence et de la connaissance. Bref, de ce que doit être un écrivain digne de ce nom. (…) Nous pourrions classer ces textes en trois catégories, d’ailleurs proposés dans un premier temps en alternance de page, puis d’une manière moins formelle, pour qui abordera le recueil dans le sens de la lecture : les textes de l’observatrice, les « vues de vaches », non de l’instantané comme l’est la photographie, mais du geste de la vache : la vache qui se gratte jusqu'à meugler devant la tique inaccessible ; la vache gourmande qui saisira d’un roulé rapide la botte de lupin et de mélampyre tendue à bout de bras ; la vache qui dodeline du col une berceuse d’une étrange douceur ; la vache qui à l’arbre se masse, etc. La vache telle qu’on peut la voir dans les champs, les prés, les alpages, exposée aux regards de tous et que l’écrivaine sait saisir pour en tracer le portrait aux multiples facettes ; les textes de l’érudite qui font entrer en jeu d’autres niveaux de la « lecture » de la vache : la mythologie (Isis, la déesse vache, tendant sa mamelle à Pharaon qui tète à même le pis sacré) ; la linguistique (Linguistiquement antithétique la bovidée !) ; la littérature (La vache est étonnement absente des fables) ; l’art (de la Vache de Kandinsky à celle de Duchamp, en passant par la petite vache étrusque en terre cuite de je ne sais plus quel musée de Toscane, la vach’art fait à la fois dans l’objet et dans l’espace) ; la tradition du combat des Reines (Elles arrivent bichonnées, bouclées, d’une coquetterie de star dans leur robe lustrée,…), etc. À ces textes-ci et ces textes là répondent en écho ceux de l’être humain de mémoire et de son temps qui évoque sa propre enfance rurale, et la Tarine, une vache banale mais ma vache natale. Qui se remémore l’anecdote rapportée par sa mère des vaches qui broutèrent les langes étendus du nourrisson. Qui dit aussi sa colère face à la vilaine affaire des vaches folles qui a marqué, accidentellement, la vache d’un sceau d’infamie au demeurant strictement humain. (…) Pour en arriver à dire l’impossibilité de dire : « Il faudrait que soit exaucé l’antique rêve du mot ressemblant à la chose pour que je puisse, à vos clarines, vous rameuter et pour que cesse enfin d’être vache la vache à l’animal qu’elle nomme. Et si la poète, insatisfaite, croit n’avoir pas su dire la chose, au moins nous aura-t-elle tracé au fil de ces pages, avec la subtile complicité du photographe, un portrait attachant, déroutant, proche, bref humain de l’animal finalement le plus exposé et le plus secret qui soit. » Jacques Fournier, revue Ici et Là 2010


SINON LA TRANSPARENCE
Editions de l’Amandier 2007 (réédition).

Sur l’ouvrage :

Une parole qui se manifeste surtout par sa puissance. Parole qui déboule, éboule, corrode, et qui dépouille aussi, travaillée par ce mouvement de dénudation ontologique qui la constitue" "une des oeuvres poétiques les plus vives, les plus belles de ce temps. Philippe Le Guillou, Revue Sud.

... cette parole qui hésite sans cesse entre la loquacité de la mémoire et le silence de l'oubli... Volontaires ou générés, les mots de Claude Ber se closent sur eux-mêmes. A nous de les ouvrir malgré leur fragilité qui fait rempart. Anne-Marie Mitchell-Sambroni, Le Provençal.

Les deux grands véhicules utilisés par Claude Ber pour assurer la continuité dont je parlais plus haut sont indifféremment la page et la scène. La profération ou le chuchotement. Il faut bien reconnaître que ses écrits ( poèmes ?) fonctionnent comme des oratorios et, inversement, que ses textes théâtralisés (…) ont de furieux accents de chose écrite...Il s'agit, on l'aura compris, d'une haute tentative de réactivation du langage "face à la désertion du verbe..." Jacques Lovichi, La Marseillaise.

Sur le spectacle ESPACE-VOUS créé à partir du livre

En Frédérique Wolf-Michaux, dont les silences mêmes, les regards et les respirations sont une musique, autour d'elle et pour elle, se mêlent (...) les notes de Giovanna Marini et celles de Georges Aperghis, les propres inspirations musicales de la chanteuse, le texte superbe de Claude Ber (...) On pense à la phrase d'André Breton: "La beauté sera convulsive, explosante fixe..." (...) Une histoire qui mêle la plus troublante présence à la plus troublante absence, le rêve le plus fou et la logique la plus rigoureuse..." La Marseillaise

Un spectacle exigeant sans doute, qui ne se livre pas facilement certes, mais qui reste passionnant de bout en bout" Jacques Corot, Le Provençal.

Tel est Espace-Vous, voué au plaisir du texte, plaisir charnel et acharné à dire "la déchirure exacte d'entre nous et nous", à faire rendre gorge aux mots du réel qu'il recèle. Pierre Murat, L'Eveil

LA PRIMA DONNA suivi DE L’AUTEURDUTEXTE
Editions de l’Amandier 2006 (réédition).

LA PRIMA DONNA
Création Théâtre de la Minoterie et Scène nationale du Merlan, Marseille 1995

Une Prima Donna, avec juste ce qu'il faut d'humour, de tendresse, al dente! Edmée Santy,.

Langue décoincée, mots à fleur de peau, voix du fond du corps, qui s'en lasserait sinon ces avaricieux de la chair qui plaignent leur jouissance, ces pingres du langage qui tiennent le sens en suspicion? A ceux-là, le spectacle fera entendre quelques vérités, comme on dit, bien senties. Pour les autres, tous les autres oyez et voyez un moment d'exception. Vous pourrez dire "j'y étais" avant que Paris ne se l'arrache." Pierre Murat, L'Eveil

Un spectacle tonique et décapant (…)La Prima Donna est-elle folle? Certainement pas, elle est femme, vivante, authentique. (...) Elle utilise des mots...Verts certes, dont elle connait le sens mais dont l'incertitude possible de son vocabulaire, son exubérance de Prima Donna ne l'autorisent-ils pas à dire avec une candide volubilité des vérités que le public a envie d'entendre en s'émerveillant qu'on puisse les dire si tranquillement? On rit beaucoup, la salle glousse, pouffe, on s'esclaffe et certains ne rient plus du tout touchés en plein coeur! Pétulance, drôlerie, verdeur, vulgarité jamais! (...) Claude Ber et Frédérique Wolf-Michaux: un auteur très contemporain original et attachant qui a trouvé son interprète. Retenez-bien leur
nom, on en reparlera. Odette Singla.

Bref ce petit texte est un grand moment de plaisir. On aurait même aimé que la donna ne s'en aille pas si vite, qu'elle reste là et continue à nous livrer sa vie, parce que c'est beau de raconter sa vie, beau et rare finalement, dans une époque où tout est à la fois très rugueux ( le réel, ses drames et ses douleurs) et très lisse ( médias, modes et midinettes). Paulina Baldi, qu'elle soit diva ou qu'elle soit ouvreuse prend le risque de la parole: " Mais c'est une entreprise très dangereuse que de vouloir simplement raconter ce qu’on vit, même sans prétention, uniquement pour faire le point et pour partager". C'est dangereux, mais c'est encore une des plus belles manières d'affirmer notre amour de la vie" Yves Gerbal, La Marseillaise

L’AUTEURDUTEXTE
Création, Théâtre de Lenche, Marseille 1991

L'Auteurdutexte, une création remarquable (...)une sorte de longue critique de raison pure.(...) Chaque phrase est un moment de votre propre pensée à vous spectateur. Le Provençal

L'Auteurdutexte en un mot, la vie Le Méridional

Il y a comme cela des évidences qui vous jettent à genoux aux pieds d'un texte, tant l'intelligence et la subtilité qui en émanent, vous coupent le souffle et les jambes à la fois (...) Cela vous racle le fond du cerveau et vous sommes de vous élever au niveau des mots. Les Mots Parleurs.

ORPHEE MARKET
Editions de l’Amandier 2006
Création Scène Nationale de Châteauroux, 2005

Orphée et Eurydice à la question : superbe ! (…) Ce spectacle est particulièrement riche et dense, inspiré par le mythe d’Orphée et Eurydice, et au delà par notre rapport aujourd’hui –car « ils sont là les enfers » - au sacré, dévoyé, perverti et à la plénitude d’une vérité suprème inatteignable (…) l’art est dans ce va et vient qui fut aussi celui de la troupe avec l’auteure Claude Ber, dont le poétique fragmenté est sans cesse confronté à la nécessité du récit et à la présence des corps, du concret, avec une prédilection pour le décalage voire la dissonance.
MP L’Echo-La Marseillaise 6/10/05

Pour l’écriture, en l’occurrence du texte – magnifique – de la poétesse Claude Ber, un dialogue est aussi nécessaire avec le metteur en scène, pour trouver la justesse d’une parole poétique désacralisée, mise en situation dramatique mais sans réalisme. (…) Dans tous les cas, c’est une alchimie, un parcours à la fois empirique et initiatique, fait de de différents savoir-faire convergents, de découverte et d’explorations de pistes. L’Echo-La Marseillaise 25/02/05

Texte-ovni théâtral en forme de puzzle, sorte de paysage mythologique (qui convoque Oedipe, Roméo, Abel, Majnoun, Tristan et d’autres, en une sorte de carrefour de cultures ) appuyé sur une obsession des “voix” qui se réinventent,” réveillent les morts”, “retissent la trame déchirée du monde”, et renvoie aux grandes questions métaphysiques, non sans un soupçon de plaisanterie (“une pièce où on ne rit pas est une pièce dont on doit rire”, disait Brecht). Ainsi, le mythe est à la fois célébré et tourné en dérision.(…) Il s’agit bien d’un théâtre de parole, d’une quête sur un usage spécifique de la parole et sa profération au théâtre. Parole et langue viennent au devant de la scène, s’exhibent en quelque sorte, et cette monstration des monstres de la langue tient lieu en quelque sorte de dramaturgie. Ni fable ni action, ni “personnages” (pas de biographie, pas d’autre identité que celle conférée par le mythe) car aucune de ces instances ne tient face au projet de déploiement de la langue. (…)Aujourd’hui, le soupçon porté sur les catégories traditionnelles de la littérature, et la nécessité de remettre au premier plan une langue qui dégèle la langue plate et convenue des “communicants”, aboutit à une famille d’auteurs pour qui le théâtre est un théâtre pour l’oreille plutôt que pour l’oeil : les Novarina, les Py, les Gaudé, les Melquiot, héritiers des Césaire, des Vauthier, des Genêt, des Audureau, des Claudel, des Pichette, et plus lointainement, des Rabelais, affirme que le lyrisme n’est pas contradictoire avec la trivialité, qu’il peut aussi rejoindre l’épique, et que le croisement entre théâtre et poésie est un nouveau lieu de rendez-vous pour les dramaturges. Quitte à mêler des facettes aussi différentes que la fantaisie, le trivial, la verve musicale, l’invention syntaxique et lexicale, le brassage des niveaux de langue. Claude Ber est de cette famille là: poète de théâtre. Poète aventuré dans l’incarnation de la parole. Michel Azama

MONOLOGUE DU PRENEUR DE SON POUR SEPT FIGURES
Editions Via Valeriano-Léo Scheer 2003
Création Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence, 2003

Le choeur de sept figures du Monologue du Preneur de Son témoigne du modèle même de la parole collective contemporaine comme exercice violent de ce qui interrompt l’autre ou m’interrompt, tout en renouant avec la tragédie antique : entre cruauté du monde et cruauté du contexte familial. » Opening Night

Il se dégage de cette pièce une puissance dramatique très rare servie par une écriture forte, moderne, exigeante, puisant aux sources de la poésie comme à celles du langage théâtral. Entre éclatement et construction, entre dispersion et convergence, elle tente une fascinante investigation sur la question du corps et de l’espace, de l’unicité de l’être dans un monde de mémoires perdues » Gilles Boulan Panta Théâtre Caen.

INDIANOS
Editions Les Cahiers de l’Egaré 1990
Création Festival des îles, Marseille 1991

C’est du beau théâtre poétique et clairvoyant, de beaux textes admirablement joués par l’Egregore. Louise Baron La Marseillaise

Devant la diversité du monde indien, Romeuf a voulu une diversité de perception (…) Claudine Galéa et Claude Ber ont donc travaillé chacune de leur côté sur une trame commune.
Romeuf a ensuite fait le montage des deux textes, des deux sensibilités, des deux écritures. Le pari était fou au point qu’il restera probablement unique, mais le résultat est là, magnifique et étonnant » J.P. Lacombe Var-Matin

Le texte ( les deux textes) de Claudine Galéa et Claude Ber a la tonalité testamentaire d’un hommage aux souffrances endurées par le peuple indien. Il explore avec acuité le processus lent mais irréversible du démembrement de l’âme d’un peuple… Le Méridional

LIEU DES EPARTS
Editions Gallimard 1979

Une voix forte et neuve. Le Monde
Une écriture fluide, nerveuse à la fois, extraordinairement maîtresse d'elle-même, de ses moyens, mais consciente aussi de ses charmes, non sans humour. Revue Poésie

Une poésie tout à la fois terrienne et animale (...) dans une langue économe de ses moyens et
jalouse de sa limpidité. Lire

TRADUCTION DU LAC D’ARGENT DE KAISER
Spectacle d’Oliviers Desbordes, création Théâtre Sylvia Montfort, Paris 2003
Traduction de Claude Ber et Roland Krebs

Olivier Desbordes a réussi l’impossible : l’équilibre de l’unité dramatique entre texte parlé et le chant dans la traduction impeccable de Claude Ber » Olivier Olgan. La Tribune

CHECKPOINT CHARLIE, SPECTACLE DE FREDERIQUE WOLF-MICHAUX
Création Scène Nationale du Merlan, Marseille

Checkpoint Charlie, c'est, loin de tout discours sclérosant/sclérosé un spectacle qui évoque
les grandes réussites du théâtre musical... " Gabriel Vialle Le Provençal

Les morceaux choisis, textes ou musiques, apportent soit une dimension esthétique indéniable, soit une grande puissance émotionnelle. Primo Lévi, Paul Celan, Anna Akhmatova ou, plus près de nous, Claude Ber ( dont le Souvenir du XXème siècle sert de sous-titre au spectacle), les mots brûlent, tordent le ventre.... des images très fortes, des moments d'intense expression émergent de ce no mans land impressionniste, mais il faut attendre la toute fin pour que le spectacle prenne toute sa dimension émotionnelle, lorsqu'instruments et lumières mêlent leurs stridences dans une insoutenable cacophonie visuelle et sonore pour nous parler s'un monde brutal et fou où les flonflons étouffent les plaintes de l'homme... D. Allard


Deux articles de Françoise Urban-Menninger viennent de paraître sur LA MORT N’EST JAMAIS COMME et L’INACHEVÉ DE SOI
cliquer ici pour les lire: http://www.e-litterature.net/publier3/spip/spip.php?page=article5&id_article=214#.UEHuj-ni-jY.email